Ces monticules de galets, servant de repère en montagne, se sont multipliés sur les plages d’Oléron. Or, ils ont un impact inattendu sur l’environnement et la sécurité de leurs visiteurs.
Les cairns d’Oléron : le phénomène
Les cairns sont des tumulus de terre ou de pierres élevés par les Celtes. De nos jours, ce sont des monticules de pierres que les explorateurs ou les alpinistes édifient comme repère. Bien loin de là, les cairns sont érigés à Saint-Denis d’Oléron, au lieu-dit la « Combe » qui se trouve sur la côte sauvage de l’île d’Oléron. Il se raconte que l’histoire a commencé avec des enfants qui se seraient amusés à construire des cairns lors d’une pause pendant une sortie en car. Toujours est-il que des touristes de passage, séduits par cette initiative artistique, sont de plus en plus nombreux à prendre part à ce phénomène. Un an après, le spectacle est étonnant : la plage de galets est presque entièrement recouverte de ses sculptures qui procurent une émotion incroyable. Vous pouvez vous promener au milieu de ce décor comme dans un musée à ciel ouvert où vous contemplez des œuvres d’art éphémères. On ne peut s’empêcher de penser au mouvement américain du Land Art, car cette immense accumulation de galets met en valeur à la fois le caractère sauvage de ces lieux et l’aspect quelque peu mystique de cette œuvre collective. Les marées emportent régulièrement une partie des cairns, mais de nombreux visiteurs viennent les reconstruire et en créer de nouveaux. Un véritable cycle artistique se déroule bien sur le plateau rocheux de l’île d’Oléron. La magie opère encore plus, car à cet endroit, vous pouvez contempler le tumulte des vagues et le phare de Chassiron, attraction touristique incontournable haute de 46 m, qui se situe à quelques encablures de là.
Les cairns d’Oléron : pourquoi les détruire ?
Victime de son succès, cette sympathique initiative artistique spontanée, pose pourtant plusieurs problèmes aujourd’hui. À tel point que le conseil municipal de la commune de Saint-Denis-d’Oléron vient de voter l’enlèvement des cairns actuels, les galets retourneront sur l’estran au mois de novembre. Lors de la réunion du conseil municipal du 13 septembre 2016, le maire Jean-Michel Massé, annonce que le phénomène des cairns prend trop d’ampleur et que leur présence contrevient à la protection de cette zone classée Natura 2000. D’une part, les plantes protégées sont en danger et plusieurs tonnes de cailloux ont été illégalement déplacés de l’estran sur la terre, augmentant ainsi le phénomène d’érosion de la falaise. D’autre part, certains empilements atteignent une hauteur imposante ou ne sont pas toujours stables, ce qui est dangereux en cas d’écroulement. Enfin, les voitures qui s’arrêtent sur le bord de la route pour visiter le décor ou y apporter leur contribution présentent un risque potentiel d’accident. Et, il n’est pas envisageable de faire un parking de stationnement, car cela pérenniserait cette situation. Pour toutes ces raisons, le conseil municipal décide sa démolition d’une seule voix, tout en délivrant une information pédagogique sous forme de panneaux implantés sur les lieux. Destiné aux promeneurs, il expliquera les raisons qui motivent cette décision.
Toutes proportions gardées, cela rappelle les « cadenas d’amour », accrochés au pont des Arts à Paris par les amoureux du monde entier. Suite à l’accumulation de tous ces cadenas, un parapet du pont qui portait 500 kg de spécimens s’est écroulé. La municipalité a donc décrété le retrait des cadenas (1 million environ). De plus, pour préserver le patrimoine et éviter à nouveau ce phénomène, la mairie de Paris a installé des parapets vitrés.
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