Le saintongeais figure parmi les langues d'oïl reconnues par le Ministère de la Culture. Ce patois charentais existe toujours et certains de ses mots sont encore couramment utilisés dans la région.
Une langue d'antan toujours vivante
Sur l’île d’Oléron, un touriste peut facilement être intrigué par certaines expressions utilisées par les habitants du cru. Il remarquera alors que, comme beaucoup d’autres régions de France, la Charente-Maritime possède une langue vernaculaire : le saintongeais. Ce patois local fait partie de la famille des langues d’oïl qui rassemblent les langues romanes parlées dans la partie nord de la France. Elles se distinguent des langues d’oc, utilisées dans le sud de la France, par une plus grande influence du celtique et du germanique. Le saintongeais, appelé aussi patois charentais, est parlé dans les anciennes provinces d’Angoumois, d’Aunis et de Saintonge qui recouvrent aujourd’hui le département des Charentes-Maritimes (sauf la partie nord), le grand ouest du département de la Charente, le nord du département de la Gironde et l’extrême ouest de la Dordogne.
Les plus anciens écrits conservés en saintongeais datent du XIIIe siècle et sont attribués à un clerc de la basilique Saint-Eutrope, célèbre sanctuaire catholique de la ville de Saintes. Mais le patois charentais devra attendre le XIXe siècle pour obtenir ses lettres de noblesse avec la publication des premiers dictionnaires de saintongeais et la traduction, dans cette langue, d’œuvres illustres comme, par exemple, l’Évangile selon Saint Mathieu. Au XXe siècle, un barde charentais, Marc-Henri Évariste Poitevin, offre au patois une résonance particulière. De son nom d’artiste Goulebenéze, évoquant le caractère épicurien du personnage, il écrit des pièces de théâtre, des poèmes, des chansons et chante en saintongeais. Plus de soixante ans après sa mort, sa popularité est toujours très vive et il inspire encore aujourd’hui de nombreux artistes locaux.
Les particularités du saintongeais
Comme toute langue, le patois charentais possède sa prononciation, sa conjugaison et ses expressions. Pour comprendre le saintongeais, il faut donc quelques repères.
Côté prononciation, plusieurs différences existent avec le français. Ainsi « ien » se prononce « eun » en saintongeais : un chien devient donc un « cheun » sur l’île d’Oléron. De même, le son « oi » se transforme en « è » ou en « ouè » et il faut comprendre « droit » quand « drèt » est énoncé et « boire » pour « bouère ».
Côté conjugaison, le saintongeais utilise fréquemment la terminaison « ant » pour décliner les verbes quelle que soit la personne ou même le temps. De ce fait, il est possible d’entendre « i se leuviant tout d’in cot » (ils se levèrent tout d’un coup) ou encore « y avant toute ine grouée de drôles » (il a une famille nombreuse).
Les mots et les expressions saintongeaises font aussi le charme de la langue. Un mot encore très fréquemment utilisé est « asteur » qui signifie « à cette heure » ou « maintenant » mais son sens peut varier selon sa place dans la phrase et l’humeur du locuteur… Les verbes « bouiner » (faire), « sincer » (c’est-à-dire passer la « since », la serpillière) ou encore « se dégrouiller » (se dépêcher) participent à la poésie de ce patois.
Enfin de nombreuses expressions resteront complètement hermétiques à qui ne reste pas quelques temps en pays charentais :
« ol’est pas écartable » (vous ne pouvez pas vous perdre),
« jh’vas queurver d’souet » (je vais mourir de soif) ou bien,
« qué qu’ol’est thieu ? » (qu’est-ce que c’est que ça ?).
Une bonne façon de faire connaissance avec le patois charentais : lire L’ilâte nègue, le seul album de Tintin traduit en saintongeais !
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